Le Parisien du 10 mars 2001

Concert

Verdi a rempli Bercy

Hier soir

GIUSEPPE VERDI savait déplacer les foules. Hier soir encore, la musique du compositeur italien, mort il y a cent ans, a rempli Bercy pour la première du spectacle « Verdi, une passion, un destin ». Le public lyrique n’est décidément pas celui des concerts de rap. Les cheveux gris et les mises en plis avaient, pour un soir, éloigné les casquettes à la Eminem. Et certains fans italiens poussaient le sens du détail jusqu’à arborer les mêmes barbiches et favoris que leur maestro disparu. Spectacle pharaonique A 20 h 50, devant un orchestre et des chœurs réunissant plus de 250 exécutants, le chef, Tiziano Severini a donné le coup d’envoi de trois heures de super-show, avec l’ouverture de « la Force du destin ». Car, pour du spectacle, ce fut du grand spectacle, tel que Verdi, qui fut le grand ordonnateur des cérémonies d’ouverture du Canal de Suez en 1871 avec son opéra « Aïda », ne l’aurait pas renié. Imaginez, au-dessus de cet effectif pharaonique, un immense écran géant de 100 m 2 qui capte, en gros plan, les trémolos des petits violons, les émois de la harpe et les élans des cymbales. Il fallait toute l’expérience d’Alain Duault, le créateur de ce spectacle, qui est aussi le maître d’oeuvre des soirées musicales de France 3, pour utiliser ainsi les caméras au service de la compréhension de la musique. Et soudain, sur les derniers accords, une silhouette en cape et haut-de-forme apparaît à l’écran. Est-ce bien lui ? Verdi ? Enfin presque, c’est l’acteur Jean Piat qui prête ses traits à la figuration du grand maître. Nous sommes en 1888, Verdi, 75 ans, reçoit dans sa maison de Sant’Agata, un chroniqueur musical venu l’interviewer. Et surprise, ce journaliste, c’est Alain Duault lui-même qui fait ici ses débuts de comédien. Les deux compères nous font revivre cette existence de passion et de gloire. On voyage ainsi dans l’Europe du XIX e siècle, sur les airs de « Nabucco » à « Otello », en passant par « la Traviata » et « le Requiem ». Les puristes pourront regretter que cette forme de spectacle morcelée, qui ressemble à un feuilleton télévisé, étouffe un peu l’émotion des grands airs de Verdi. Toujours est-il que ce grand pot pourri est un cours de musique magistral qui donne bien sûr envie de réviser son Verdi intégral. C’est l’année ou jamais, en attendant bien sûr, le point d’orgue en septembre, avec la méga-production d’« Aïda » au Stade de France. « Verdi, une passion, un destin », au Palais omnisports Paris-Bercy, 8, boulevard de Bercy. Paris XIIe . Ce soir à 20 h 30. Places de 170 F à 530 F (de 25,92 à 80,80 €). Tél. 0.803.030.031.

Frédérique Jourdaa